vendredi 30 novembre 2007

Top 6 "Weather"

Un top6 sur la météo, c’est assez peu courant pour être signalé. Vous répondriez que c’est peut-être parce que c’est un peu con que vous n’auriez pas tort. Vous auriez même sûrement raison tiens.

Depuis quelques temps, je tentais vainement de trouver une idée pour alimenter cette rubrique assez faiblement pourvue. J’ai passé en revue diverses idées plus nulles les unes que les autres. Et puis, en ressortant un vieille compilation de voiture que j’avais faite il y a de cela quelques années, je suis retombé sur In The Sun de Joseph Arthur, chanson belle par excellence. Et je me suis dit qu’il y avait là matière à lister quelques morceaux chatoyants.

Un top 6 donc sur le temps. The weather. Et qui commence donc avec un titre de circonstance en cette période qui hésite entre le froid et le très froid, le Snow d’Emiliana Torrini (qui serait d’ailleurs assez gentille de répondre à mes nombreuses demandes en mariage que je lui fait parvenir mentalement depuis des années). Réchauffement climatique oblige, on passe ensuite à la pluie, version Ed Harcourt, artiste on ne peut plus talentueux mais concrètement ignoré du grand public, avant de subir les attaques du breton Miossec et de son Tonnerre nerveux.
Classique (car il faut toujours un classique), c’est sur sa belle moto que Bruce Springsteen nous emmène sur une route pleine d’éclairs (même si évidemment, le temps n'a pas grand chose à faire dans l'histoire) et qui débouche en plein soleil avec Joseph Arthur en guise de guide. Et c'est finalement une tempète canadienne Godspeedienne longue de vingt minutes qui finit, en quatre temps, par nous emporter dans un autre monde, ailleurs, dans un chaos magique.

Alors, certes, on aurait pu sentir sur notre visage le vent de Patrick Swayze ou éviter les éclairs de Kiss. Mais finalement, je trouve c’est bien mieux comme ca. Du classique, du français, un groupe mythique et quelques belles balades pop. Histoire d’affronter cette froide fin de semaine qui nous attend avec le sourire (ou pas). Bonne écoute.



Tracklisting : 
Emiliana Torrini Snow (Fisherman’s Woman – 2004) 
Ed Harcourt - Rain on The Pretty Ones (The Beautiful Lie – 2006)
MiossecTonnerre (Brûle – 2001)
Bruce Springsteen - Thunder Road (Born to Run – 1975)
Joseph Arth
ur - In The Sun (Come to Where I’m From – 2000)
Godspeed You ! Black EmperorStorm
(Lift Yr. Skinny Fists Like Antennas To Heaven! 2000)








mardi 27 novembre 2007

Thee, Stranded Horses – Churning Strides [Talitres]

Vous savez ce qu'est une kora? Non? Ca tombe bien, moi non plus. Enfin, pas avant d'avoir écouté Churning Strides de Thee, Stranded Horses (aka Yann Tambour, l'homme derrière le groupe Encre). Parce que maintenant, je le sais. Vu que je suis amoureux de cet album, entièrement basé dessus.

La Kora donc. Un instrument Malien, qui a sa légende propre (basée autour d’une femme génie), et que l’on pourrait rapprocher de la harpe, dont il aussi éloigné de par sa forme que proche de par le son qu’il dégage. Il faut dire que les 21 cordes qui la composent aident à retrouver ce son mélodieux et aérien qui caractérise tant l’instrument chéri par Joanna Newsom.

D’ailleurs, si l’on osait, 'Churning Strides' serait un peu la réponse masculine aux disques de la belle américaine. Car ici aussi, tout y est beau. Lumineux. Avec ces cordes pincées, touchées, effleurées qui font d’un rien un tout. Et pour ceux pour qui la voix de Joanna Newsom est une barrière malheureusement indépassable à l’écoute de ses albums, celle de Yann Tambour est beaucoup moins nasillarde, beaucoup plus accessible. Un chant en anglais (sauf sur un titre), assez profond et très respectueux de l'instrument sur lequel il se pose.

Il n’y a donc pas d’excuse pour ne pas se jeter à corps perdu dans cet album là. Car Thee, Stranded Horses a sorti en cette année 2007 un grand disque. Qui pourtant, sur le papier, aurait du être ennuyeux comme un soir de pluie dans l’Ardèche profonde.
Notre homme propose en effet huit morceaux pour 42 minutes, assez linéaires. Et la plupart du temps instrumentaux. Bref, un postulat de base pas forcément bien aguicheur. Il aurait pu se regarder jouer comme certains artistes folk d’aujourd’hui pour qui l’adage «plus c’est long plus c’est bon» est le credo numéro un (même si on a souvent du mal à comprendre le «plus c’est bon»).

Or, ici, rien de tel. Au contraire même, tout est assez envoûtant, une ode au voyage porté par cet instrument d’une pureté folle, entre harpe et mandoline, intimiste et bouleversant (à peine aidé par une guitare acoustique). Pas une once d’ennui, pas un doigt de soupir, juste une fascination assez dingue à l’écoute de ce disque et surtout de cet instrument qui n’est que trop peu connu dans nos contrées occidentales, entre calme et volupté.

Il est venu à l’idée de Yann Tambour de sortir ce disque suite au choc qu’il avait éprouvé lorsqu’il avait découvert la kora pour la première fois. Je vous mets au défi de ne pas être subjugué vous aussi à l’écoute de ce 'Churning Strides' absolument divin. Entre découverte instrumentale et envoûtement irrépressible. (sortie le 26 mars 2007)

Son :
Myspace (3 titres en écoute)
Site Officiel

Et deux morceaux, deux splendeurs. Notamment Swaying Eel, d’une beauté, je ne vous dis que ça (malheureusement plus en ligne).

lundi 26 novembre 2007

Track of The Day (20-26novembre 2007)

Une semaine très féminine. On ne s'en plaindra pas tiens. (et toujours en écoute dans le lecteur deezer, à droite)


Lundi 26 novembre 2007:
* The Innocence Mission - Brotherhood of Man [Badman]
Il n'y a pas grand chose à dire sur ce disque et sur cette chanson là. Vous prenez le mot "splendide" et vous lui trouvez tous les synonymes que vous pouvez. En gros.
(disponible sur We Walked In Song # 2007)


Dimanche 25 novembre 2007:
* Amiina - Hilli [Ever]
Anciennes comparses des premières parties de Sigur Ros, les quatre Islandaises d'Amiina ont sorti un album assez divin avec un Hilli céleste. Un titre sur lequel Lee Hazlewwod viendra poser sa voix, quelques semaines avant de passer de vie à trépas (video-clip visionnable ici).
(disponible sur Kurr # 2007)

Samedi 24 novembre 2007:
* Au Revoir Simone - The Lucky One [Moshi Moshi]
Deuxième album pour les trois new-yorkaises. Un disque qui s'ouvre par ce The Lucky One, jolie petite comptine electro pop. Délicieusement addictif.
(disponible sur The Bird of Music # 2007)



Vendredi 23 novembre 2007:
* Bloc Party - Waiting for the 7.18 [Wichita]
Dans 20 ans, on ne se souviendra de Bloc Party que pour quelques singles furieux et énormes. Ce Waiting for the 7.18 n'a peut-être pas la classe des Banquet et autres This Modern Love. Mais quand même.
(disponible sur A Week-end In The City # 2007)


Jeudi 22 novembre 2007:
* The Electric Soft Parade - Cold World/Starry Nite #1 [Truck]
Leur premier album 'Holes In The Walls' avait du chien au contraire du second, beaucoup moins réussi. Voilà le troisième opus, après un break Brakes. Et un plutôt joli morceau, le tout mignon Cold World/Starry Nite #1 (déjà présent sur leur Human Body Ep de 2006).
(disponible sur No Need to Be Downhearted # 2007)

Mercredi 21 novembre 2007:
* The High Llamas - Bacaroo [Drag City]
Nouveau et énième album pour les High Llamas. Un disque qui fleure bon les sixties, Brian Wilson, ses Beach Boys ou les Byrds. Une ambiance particulièrement délicieuse, symbolisée par ce mignon Bacaroo.
(disponible sur Can Cladders # 2007)


Mardi 20 novembre 2007:
* Liars - Plaster Casts of Everything [Mute]
Plaster Casts of Everything est peut-être le titre le plus tubesque de toute la discographie des Liars: un rock abrasif, fameux et allumé qui ouvre leur quatrième album, éponyme. Grand cru une fois de plus.
(disponible sur Liars # 2007)

samedi 24 novembre 2007

[Oldies] Van Morrison – Saint Dominic's Preview (1972)

Comment se remet-on de la sortie d’un chef d’œuvre ? Combien de groupes n’ont jamais su réembrayer après avoir sorti un album essentiel ? Combien sont les destinées crashées sur l’autel d’un disque essentiel, et perclues ensuite de sorties plus insipides les uns que les autres ? Beaucoup. Beaucoup trop.
Quand, en 1968, Van Morrison sort son deuxième album, ‘Astral Weeks’, il met le monde de la musique à genoux par un charisme énorme et un talent hors-norme. Un disque essentiel des années 60 et de la musique contemporaine, entre rythm&blues, jazz (il s’entoure de grands musiciens de l’époque) et musique celtique. Et le meilleur de son auteur.

Il n’a pourtant pas 23 ans. Mais sa carrière est déjà longue comme le bras, ceci expliquant cela. Né en Irlande du Nord en 1945, il fonde son première groupe à l’âge de onze ans avant de créer, quelques années plus tard, Them qui obtiendra une belle notoriété grâce à quelques tubes restés dans les mémoires, Gloria étant le plus fameux d’entre eux, magnifié qu’il sera en 1975 sur le ‘Horses’ de Patti Smith.

Bref, quand à 23 ans, Van Morrison sort ‘Astral Weeks’, ce n’est pas débutant. C’est sûrement pour cela qu’il va se remettre en selle rapidement après la sortie de son saint graal. Quatre ans et trois albums plus tard, et alors qu’il vient d’écrire – peut-être – la plus belle chanson d’amour de l’histoire de la musique (Tupelo Honey pour ne pas la nommer), Van Morrison sort ‘Saint Dominic's Preview’.

Un disque qu’il enregistre avec vingt musiciens, changeant de line-up à chaque nouveau morceau. Et pourtant, tout est cohérent et loin d'être une collection de chansons mises bout à bout, comme on pouvait craindre. Non. ‘Saint Dominic's Preview’ est même un album essentiel dans la carrière du grand Van. Charnière en quelque sorte, bilan musical qui voit se côtoyer, en sept titres (une habitude chez lui) du rythm-and-blues, de la soul-pop qui flirte avec le gospel, un peu de jazz, un brin de country et quelques passages limite mystiques comme il savait si bien le faire en 1968.

Et histoire de gâter son auditoire, Van Morrison réserve la dernière plage de l’album à Almost Independence Day (voir plus bas), un titre d’une dizaine de minutes qui n’aurait pas dépareillé sur ‘Astral Weeks’. Un morceau magnifique qui rappelle un autre titre majeur de la musique des seventies : le Wish You Were Here des Pink Floyd, sorti trois ans plus tard sur l’opus du même nom. On ne criera pas du tout au plagiat, mais on reste assez circonspect à l’écoute. Car il y a des ambiances, des constructions qui sont trop évidentes pour ne pas penser une seconde que la bande de David Gilmour ne s’est pas inspirée de Van Morrison.

Et ils auraient d’ailleurs eu tort de se priver. Car ‘Saint Dominic's Preview’, s’il n’est pas un chef d’œuvre, est tout sauf une œuvre mineure de Van Morrison. Et quand on connaît le talent et la carrière du bonhomme, vous comprendrez aisément la place qu’occupe cet album dans ma discothèque idéale… Pas loin derrière ‘Astral Weeks’ en somme.

Première sortie : 1972 (Mercury)
Dernière réédition : 1997 (Mercury)


Son:
Site Officiel

Trois titres en écoute, comme toujours pour les oldies. Le poppy Gypsy suivi du titre éponyme avant de finir par Almost Independence Day, aux pré-relents floydien :


 

mardi 20 novembre 2007

Delphine Dora & The Unexpected – We're All Of This [Greed Recordings]

J’ai déjà exprimé mon amour inconditionnel dans ses pages pour un petit label français, Greed Recordings, à l’occasion de la chronique du splendide /magnifique /formidable /génial /cétrodlabal (rayer les mentions inutiles) deuxième album de Moonman, 'Necessary Alibis'. Bizarrement, cet amour n’aura pas faiblit en 2007. Tout le contraire même tiens.

La faute à un joli OVNI dans la musique française, 'We're All Of This' de Delphine Dora & The Unexpected. Le deuxième album de la demoiselle (dont je n’avais jamais entendu parler jusque là), cette fois accompagnée de deux compagnons de route (Valérie Leclercq d’Half Asleep ainsi que de Jullian Angel).

Un disque dont il faut dire le plus grand bien, même si l'immédiateté n’est pas sa principale qualité. 'We're All Of This' est un album assez bizarre et dans lequel on ne rentre pas comme cela. Enregistré en trois jours, largement improvisé, ce disque est atypique, brinquebalant et intriguant ; il étale une vision artistique sur le fil, faite de voix susurrées, de boites à musiques sans âge et de piano presque désarticulé mais toujours très mélodique. Une sorte de pop minimale assez barrée mais toujours très belle et pas difficile d’écoute.

Toujours sur la corde, 'We're All Of This' est un album qui dévoile touche par touche son univers, son ambition artistique. Et au bout de quelques écoutes, la sentence tombe : Delphine Dora est grande et ses deux Unexpected sont vraiment à la hauteur. Improvisé mais inspiré, baroque mais tordu, home-made mais hors du temps. Et fragile aussi. Oui. Mais surtout beau en fait. (sortie avril 2007)

Son :
LastFM (l’album est en écoute complète, avec, en prime, quelques mp3 en téléchargement libre. Vous n’avez donc aucune excuse).

Pour autant, je mets deux titres en ligne, pour les feignants. Et histoire de tenter de vous appâter (malheureusement plus en écoute).

lundi 19 novembre 2007

Track of The Day (13-19novembre 2007)

Des vallées grenobloises aux déserts africains, de l'electro mélodique à un rock serein, un brin d'éclectisme au programme cette semaine. (et toujours dans le lecteur deezer, colonne de droite)


Lundi 19 novembre 2007:
* Rien - Partie de Chasse a Deauville [Amicale Underground]
Deuxième album pour les Grenoblois de Rien. Et un vrai petit chef d’œuvre. 'Il ne peut y avoir de prédictions sans avenir' est un grand disque, inventif et inspiré, qui sent bon le post-rock pas chiant. Le groupe propose l'album en téléchargement libre sur son site (clique ici jeune foufou). Et le disque vaut l'achat, le packaging en forme de pyramide étant superbe. Quant à cette Partie de Chasse à Deauville, c'est juste très bon.
(disponible sur Il ne peut y avoir de prédictions sans avenir # 2007)

Dimanche 18 novembre 2007:
* Arctic Monkeys - Do Me a Favour [Domino]
Second album des Arctic Monkeys, 'Favourite Worst Nightmare' est un disque réussi, très homogène, moins blindé de tubes comme pouvait l'être 'Whatever People Say I Am, That's What I'm Not', leur premier opus. On ressortira quand même cet excellent Do me a favour, serein comme jamais.
(disponible sur Favourite Worst Nightmare # 2007)

Samedi 17 novembre 2007:
* Tinariwen - Cler Achel [Independiente]
Touaregs, Tinariwen ne jouent pas dans la cour de la world music. Mais plutôt dans celle du blues avec des guitares dans tous les sens. Une production qui donne un sentiment d'espace et quelques titres fameux, dont ce Cler Achel, riffeur à souhait.
(disponible sur Aman Iman # 2007)

Vendredi 16 novembre 2007:
* Bill Callahan - Sycamore [Drag City]
Smog reprend son nom de jeune homme, oublie ses joyaux passés, pond un disque vaguement chiant (et produit à la machette) dont on ressortira quand même ce Sycamore, plutôt réussi.
(disponible sur Woke On A Whaleheart # 2007)


Jeudi 15 novembre 2007:
* Four Tet - Unspoken [Domino]
Si l'on ne devait retenir qu'un album de Four Tet, ça serait 'Rounds'. Si l'on ne devait retenir qu'un titre de lui, ça serait dur. Certes. Mais au moment du choix, on se jetterait forcément sur ce Unspoken absolument... comment dire... pfu, je manque de mots.
(disponible sur Rounds # 2003)

Mercredi 14 novembre 2007:
* Page France - Chariot [Fall]
Un des petits bijoux de 2005. Un disque pas sorti chez nous mais d'une beauté à tomber. Sufjanien dans l'âme, folk chrétien assumé, ce disque est illuminé (entre autres) par ce Chariot de feu. Alléluia.
(disponible sur Hello, Dear Wind # 2005)


Mardi 13 novembre 2007:
* Garbage - Cup of Coffee [Interscope]
Un titre empreint d'une vérité qui fait peur et d'une beauté glaçante, sorti sur un 'Beautiful Garbage' sympatoche à défaut d'être génial et aussi bon que les précédents disque du groupe. Tout donne envie de pleurer: le texte, les arrangements. Une Shirley vraiment inspirée ce jour là. Retombé sur ce Cup of Coffee par hasard aujourd'hui. Un bien bon résumé tiens quand j'y pense. Brrr.
(disponible sur Beautiful Garbage # 2001)

dimanche 18 novembre 2007

[Oldies] The Hollies – For Certain Because... (1966)

Autant se l’avouer tout de suite, ce ‘For Certain Because…’ des Hollies est tout sauf un classique, un de ces disques qui marquent des générations entières. Pour plein de raisons. Il n’empêche, c’est un album sur lequel j’aime retomber, au hasard d’un énième rangement de discothèque. Et donc, en ce froid week-end de novembre, je me suis dit qu’un peu de pop sixties ne ferait de mal à personne. Encore moins à ce blog.

The Hollies, s’ils ont connu un vrai succès commercial dans les années 1960, ne sont donc pas restés dans les mémoires. La faute à quatre garçons dans le vent, adulés aux quatre coins du globe depuis près de 50 ans, qui ont un peu vampirisé toute la pop de cette décennie magique.

The Hollies se sont formés, en quelque sorte, à l’école maternelle quand, à l’âge de cinq ans, Allan Clarke et Graham Nash (le Nash de Crosby, Still, Nash & Young, c’est lui), les deux leaders du groupe, font connaissance à Salford, dans la banlieue de Manchester. A l’adolescence, les deux garçons forment un duo et écument les pubs et autres coffee-houses du coin sous différents noms (The Guytones, The Two Teens, …) avant de créer, suite à une rencontre avec Don Rathbone et Eric Haydock, The Hollies.

Très pop aux harmonies vocales inspirées par les Everly Brothers, The Hollies deviennent rapidement un groupe Beatles-alike. La faute à ce son, ces mélodies et ces morceaux courts qui rappellent tant les Fab 4. Mais également à leur histoire propre. Car en 1963, le groupe est repéré par un des managers d’EMI, Ron Richards au Cavern Club, à Liverpool, là même où la bande de Paul et John avait été découverte quelques années plus tôt, par l’ami George Martin.

'For Certain Because...' sort en 1966. Concrètement, c’est leur neuvième sortie discographique, tout pays confondus (rappelons qu’à l’époque, les sorties Uk et Us étaient différentes) et leur quatrième (sur cinq !) de l’année en cours ! Un rythme de fou, hallucinant. Cet album là marque toutefois une rupture avec le reste de leur discographie : pour la première fois, le disque ne contient aucune reprise de vieux standards ou d’obscurs titres oubliés (comme c’était courant à l’époque). Surprenant changement de direction pour un groupe qui enchaîne les tubes. Mais plutôt logique finalement.
Car en 1965, The Hollies sortent leur version à eux de If I Needeed Someone des Beatles. Si le titre se classe dans les hit-parades, les critiques sont cinglantes, la plus virulente venant directement de Georges Harrison qui qualifie la reprise de soulless.
Ainsi donc, et pour la première fois, The Hollies ne sort que des compositions originales et d'une grande efficacité.

'For Certain Because...' est court, dépasse à peine la demi-heure, compte douze titres et fait montre d'un vrai talent d’écriture. Bien sûr, l’influence d’album comme 'Rubber Soul', 'Revolver' ou 'You Really Got Me' de Ray Davies et de ses Kinks est énorme. Mais le groupe, beaucoup plus que le passé, appose sa patte et pond quelques titres vraiment très réussi (l’hispanisant Crusader, le bondissant Tell Me To My Face ou le Beatles-ien It's You, voir plus bas). Et sort un album plus que réussi, concis, carré et qui fait mouche.

Aujourd’hui, qui se souvient de The Hollies dans le grand public ? Plus personne. Ou presque. Un groupe oublié mais qui aura marqué son époque et ses hit-parades. Peut-être des sous-Beatles. Peut-être des sous-Kinks. Voire des sous-Beach Boys. Ce qui n’en fait pas pour autant des tâcherons de premier ordre, bien au contraire.

Première sortie: 1966 (Parlophone)
Réédition: 2000 (EMI)


Son:
Myspace
Site officiel


Trois titres en écoute: It's You, Crusader et Tell Me to My Face :


jeudi 15 novembre 2007

Radical Face – Ghost [Morr Music]

De tous les disques que j’ai pu écouter et aimer cette année, celui-là est le premier qui m’a renversé. Mis les larmes aux yeux. Procurés des frissons dans le dos, dans les bras, au bout des doigts. De partout. Mon premier choc musical de 2007.

De tous les disques que j’ai pu écouter et aimer cette année, l’album de Radical Face (alias Ben Cooper) est sans conteste celui sur lequel j’ai mis le plus de temps à me jeter. Le nom m’a rebuté : j’avais peur de me trouver face à un album de gangsta rap mal torché. Je ne sais pas d’où cette idée un peu incongrue m’est venue. Mais j’ai pensé à cela. Et j’ai laissé traîner l’écoute. Avant de me rattraper, comme un fou désespéré de ne pas avoir compris plus tôt.

De tous les disques que j’ai pu écouter et aimer cette année, 'Ghost' est, avec l’album de Rien, un petit bijou d’objet : un artwork splendide, un packaging cartonné et léger, à trois volets, contenant un petit livret, tout de couleur or vêtue. En ces temps où l’industrie du disque vend de moins en moins, cet album est une preuve qu'il faut garder foi en l'objet ; loin des boîtiers en plastoc tout moche, des livrets de quatre feuillets et des pochettes hideuses, qui se détachent et donnent envie de vomir sur le pas que prend chaque jour un peu plus la numérisation de la musique (dans un but commercial) sur l’objet physique.

De tous les disques que j’ai pu écouter et aimer cette année, 'Ghost' de Radical Face est indubitablement un des tous meilleurs. Si ce n’est le meilleur. Pop planante atmosphérique et romantique, folk serein et céleste, accordéon en bandoulière, piano délicat, rythmiques et clappings endiablés et embruns en fond sonore. Un peu comme si Why? (hip-popeur de chez Anticon) avait enregistré son 'Elephant Eyelash' de l'an passé chez Morr Music avec Page France en charge des chœurs.

De tous les disques que j’ai pu écouter et aimer cette année, cet album est celui dont j’aurais aimé pouvoir parler beaucoup mieux que je ne le fais actuellement. Histoire d’insister sur des titres comme Glory (voir plus bas) – une des perles de 2007 avec ce rythme quasi militaire auréolé de sifflements tout en cadence –, sur ces morceaux à géométrie variable qui se finissent rarement là où ils ont commencé ou sur ces paroles oniriques comme jamais.

De tous les disques que j’ai pu écouter et aimer cette année, ce premier album de Radical Face est une (avec le Cloud Cult) de mes plus grandes découvertes. Touché, retourné, subjugué le Twist. 'Ghost' est un chef d’œuvre. Frissons garantis. (Sortie : 20 mars 2007)

Son:
Myspace (deux titres en écoute)
Site Officiel (carnet de bord, titre en écoute, un vrai petit régal)


Deux titres en écoute. Déjà, la merveille qu'est Glory (je pèse mes mots) et le très beau Wrapped Up In Strings (malheureusement plus en ligne).

mardi 13 novembre 2007

C-Rayz Walz and Parallel Thought – Chorus Rhyme [Urchin Studios]

Ami poppy/poppeux, ne quitte pas cette chronique qui débute à peine, effrayé que tu es par cette pochette qui appelle tout sauf des balades au piano aux contours de guitares acoustiques. Toi qui n’aimes pas ce qui ressemble de près ou de loin à du hip-hop et à un flow soutenu, ne pars pas. Reste même. Car ce disque est fait pour toi. Et parce que ce disque est grand. Le meilleur en tout cas dans le genre en cette année 2007. De loin. Et qu’il t’ouvrira sûrement les yeux sur le monde merveilleux du hip-hop.

C-Rayz Walz. Le genre d’artiste à côté duquel on passe sans vraiment savoir pourquoi. J’ai dans un coin de ma cédéthèque un album de lui, son deuxième, 'Year of the Beast', récupéré à je-ne-sais-plus-quel destockage. Et bien qu’il soit sorti chez Definitive Jux, label référent dans le genre (certes, avec d’autres, mais quand même), je n’y ai encore jamais posé une oreille. Pas une. Pas l’once d’un lobe. Rien. Je trouvais la pochette hideuse et cela a suffi à briser le peu de curiosité qui m'habitait. Quant à Parallel Thought, je n’en avais pour ainsi dire jamais entendu parler.

Pourtant, quand ce 'Chorus Rhyme' m’a été conseillé par Knight of Ni, j’y suis allé les yeux fermés. Va comprendre Charles. Et je n’ai pas été déçu. Quelles productions ! Quel flow ! Quelles lyrics ! Et quelle intelligence dans la conception du disque!

Reprenons : déjà, au niveau de la production, tout est tellement juste et dans le ton que ça en est stupéfiant. L’album s’ouvre sur une ambiance très soul avec en guise de métronome une trompette répétitive. Le second morceau, Chorus I, s’annonce par quelques notes de guitare acoustique. Et tout au long du disque, c’est la même chose : du hip-hop oui mais qui vit avec son temps, qui se marie avec d’autres rythmes et d’autres influences, comme savent le faire les artistes du genre les plus intéressants depuis quelques années (on pense souvent ici à 'Ghetto Pop Life' de Danger Mouse & Jemini, un des maîtres étalons des années 2000).

Mais en dehors de cette ouverture, on retrouve dans ce 'Chorus Rhyme' tout ce qu’on aime dans le hip-hop : ces flows qui se croisent sans jamais se marcher dessus dans une sorte de ballet auditif, ces scratches dans tous les sens (et pour être honnête, cela faisait un moment que je n’avais pas écouté un titre aussi bien scratché que DJ Chorus, voir par ailleurs), ces mouvements musicaux répétitifs (ces passage de violons en boucle) et ces punch-line, ces paroles, ces rimes percutantes. Bref, du grand art.

L’album me plairait déjà assez s’il était dans ce genre là. Sauf qu’histoire d’enfoncer le clou, le duo propose un Chorus Collection dément. Oui oui, d-é-m-e-n-t. Quinze minutes barjots avec plus de trente emcee (et pas les plus mauvais !) qui se succèdent au micro pour, à chaque fois, le même nombre de rimes. Et ce qui aurait pu être LE projet casse-gueule par excellence se révèle être un moment purement génial où chaque featuring est au diapason de son prédécesseur. Un titre grand comme ça, vraiment affolant qu’on se surprend à écouter et réécouter plus souvent que de raison.

Ajoutez à cela que MF Doom est présent sur Vomit Chorus, posant comme à chaque fois avec une classe folle (on n’est pas le meilleur rappeur du monde pour rien) et vous obtenez sans conteste le disque hip-hop de l’année. Et l'un des tous meilleurs disques de 2007. C-Rayz Walz and Parallel Thought ou comment rendre mon mois de novembre plus beau! « I Love My Life I Live My Soul » comme ils disent. (Sortie : 31 juillet 2007)

Nb: pour information, ce disque là n’est que le deuxième opus d’un triptyque, commencé fin 2006 avec 'The Dropping' et qui s’achèvera dans quelques semaines avec la sortie de ‘Angel & Preacher’. Trois sorties, toutes en éditions très limitées (3000 copies monde). Donc pour ceux qui veulent leur copie, jetez-vous là. Histoire de.

Son :
Myspace de C-Rayz Walz (un titre en écoute).

Vu qu'il faut au moins avoir écouté ce titre une fois en 2007, voilà donc ce Chorus Collection (dont voici la liste complète des featurings: Levi, Hykoo, Messiah-J, Icon The Mic King, Kwote Scriptures, MC Caness, Wordworth, Karniege, Double AB, Dusted Dons, Tame One, Glock Rockwell, R.A. The Rugged Man, Stahhr the Femcee, L.I.F.E. Long, Sha-Dula, Marq Spekt, C-Rayz Walz, Thirstin Howl III, KLU Sheisty, Sean Price, Swave Sevah, Poison Pen, Chan, MC Unknown, Kosha Dillz, Block McCloud, Many Styles, Omega Moon, Immortal Technique). Ainsi que Dj Chorus, qui clôt le disque, histoire de. Prenez-en plein la tronche. Ouch (malheureusement plus en écoute).

lundi 12 novembre 2007

Track of The Day (06-12novembre 2007)

Cette semaine, étaient au programme quelques « vieilleries », un des tubes de l'année et une reprise on-ne-peut-plus bandante. Notamment. (et toujours en écoute dans le lecteur deezer, colonne de droite).

Lundi 12 novembre 2007 :
* Modest Mouse - Spitting Venom [Epic]
Un des tous meilleurs titres de l'année. C'est beau, c'est fort, c'est prenant. C'est long aussi. Y a des cuivres. Pfu. A vous retourner le cerveau. Grande grande classe.
(disponible sur We Were Dead Before The Ship Even Sank #2007)


Dimanche 11 novembre 2007 :
* Fiona Apple - Across The Universe (The Beatles cover) [Sony]
Une « vieillerie » pour un dimanche. Tout ce que touche la belle Fiona Apple se transforme en or. Comme cette reprise (qui a déjà dix ans) d'Across The Universe des Beatles absolument splendide. Supérieure à l'originale ? Peut-être pas (quoique). Mais largement devant tous les autres essais du genre.
(disponible sur Pleasantville: The Original Soundtrack # 1998)

Samedi 10 novembre 2007 :
* Shivaree - Don't Stop 'Til You Get Enough (Michael Jackson cover) [Zoë]
La belle Ambrosia se plait à reprendre avec ses compères quelques vieux classiques de l'histoire de la musique, dont ce tube en or massif de Michael Jackson, dont ils sortent une version très lascive et plutôt bandante.
(disponible sur Tainted Love : Mating Calls and Fight Songs # 2007)


Vendredi 09 novembre 2007 :
* Dungen - En Gång I År Kom Det En Tår [Kemado]
Suédois de leur état, les Dungen reviennent avec un nouvel album qui se termine par cette douceur pop, assez loin de leur psychédélisme seventies habituel. Un disque sur lequel il faudra trouver le temps de revenir.
(disponible sur Tio Bitar # 2007)


Jeudi 08 novembre 2007 :
* Arcade Fire - Poupée de Cire Poupée de Son (France Gall cover) [Merge]
Sortie sur un split 7" avec les LCD Soundsystem, enfin un enregistrement studio du tube de France Gall par les Canadiens. Un titre qui leur va à merveille et à qui ils insufflent une fascinante fraîcheur.
(disponible sur Arcade Fire/Lcd Sound System Split 7" # 2007)


Mercredi 07 novembre 2007 :
* Pumuckl - Sommeil Léger [Autoproduction]
Alors que Pumuckl commence à enregistrer de nouveaux titres pour donner suite à l'excellent 'Carbone' sorti l'an passé, retour avec un de ses tous meilleurs titres, Sommeil Léger. Et ce mec n'est même pas signé...
(disponible sur Sommeil Léger Ep # 2005)


Mardi 06 novembre 2007 :
* The Devastations - Rosa [Beggars Banquet]
Loin du somptueux 'Coal' (qui était mon album de l'année 2006), les aussies reviennent avec un 'Yes, U' très décevant, dont on ressortira quand même ce Rosa, plutôt bien tourné.
(disponible sur Yes, U # 2007)

dimanche 11 novembre 2007

[Oldies] David Ackles - American Gothic (1972)

De toute sa vie, David Ackles n’aura jamais su quoi faire, n’aura jamais su sur quel pied danser, passant d’une activité à son opposée en un claquement de doigts. Une débauche d’énergie qui le priva sûrement d’un succès musical qu’il aurait mille fois mérité.

Car oui, David Ackles est un artiste à la trajectoire fluctuante. Né en 1937 dans l'Illinois au sein d'une famille baignée par le monde artistique (un grand père comédien de music-hall et une grand-mère à la tête d’un quatuor féminin), il débute – très jeune – comme acteur au sein de séries américaines des années 40. Quelques années plus tard, il se tourne vers l’université, part étudier la littérature à Édimbourg, avant de revenir aux États-Unis empocher son diplôme de cinéma.

Il fait montre rapidement de grandes capacités artistiques, aussi bien pour le ballet que pour la comédie musicale ou le théâtre. Malgré cela, et alors qu’il écrit déjà pour la télévision, il devient détective privé puis gardien de nuit (!). On évoque même le fait qu’il ait pu faire quelques séjours en prison. Bref, une image brouillée, une ligne de vie qui part dans tous les sens, sans jamais arriver à s’arrêter sur une activité en particulier.

A la fin des années 60, il rentre chez Elektra, un des labels les plus importants de l’époque – au catalogue assez fascinant, arrivant à regrouper en son sein, notamment, Love, les Doors, le MC5 ou encore les Stooges.
La différence entre David Ackles et les groupes pré-cités, c’est que lui n’arrive pas comme artiste maison. Mais uniquement comme songwriter. Jac Holzman, fondateur d’Elektra, a en effet beaucoup aimé Blue Ribbons, un titre composé par notre homme, mais ne se voit pas lui confier plus.

Les mois passent et finalement, David Ackles arrive, à force de persuasion, à obtenir un contrat qui donnera naissance à trois albums. Un triptyque acclamé par tous les critiques du monde mais qui ne vendra jamais rien (ou presque).

'American Gothic' conclut cette trilogie (qui n’en est pas une). Un disque miraculeux, en forme d’apogée artistique, assez déroutant, et dont il est difficile de se remettre. Un album produit merveilleusement par le pourvoyeur de tube d’Elton John, Bernie Taupin, avec Robert Kirby aux arrangements (célèbre pour avoir travaillé sur le ‘Five Leaves Left’ de Nick Drake) et le London Symphony Orchestra pour backing-band.

Un album qui est en quelque sorte un résumé des multiples carrières artistiques d’Ackles. Folk ou pop, ce disque est surtout influencé par l’opéra ou le théâtre, arrivant ici et là à recréer des ambiances qui sont propres à ces univers là (Oh California!, voir par ailleurs) : ces passages de cordes, ces cuivres n’attendant que la réponse d’un ténor, ces vocalises stupéfiantes.

Stupéfiant, 'American Gothic' l’est également par sa description sans concession des États-Unis, entre déclarations d’amour et critiques acerbes, toute en vérité (le plus bel exemple restant ce Montana Song de dix minutes qui ferme l’album, où l’on découvre les États-Unis vu par les yeux des pionniers), même s’il s’octroie de temps à autres quelques jolies balades beaucoup moins virulentes.

Largement influencé par Jacques Brel ou Frank Sinatra (cette emphase dans les paroles et dans le chant, ces constructions de morceaux), 'American Gothic' est un chef d’œuvre. Derek Jewell, un des plus influents critiques musicaux de l’époque, décrit même l’album, dans une chronique restée célèbre, comme le « Sergent Pepper of Folk ». Rien que ça.
Mais au-delà de ces considérations comparatives, ce disque fait partie de ces albums qui demandent plusieurs écoutes pour vraiment s’en imprégner. Et comprendre à quoi on a à faire. Un disque romantique, inspiré, judicieusement bonifié par un London Symphony Orchestra qui ne fait qu’un avec le piano de David Ackles. Un disque qui n’aura pas connu le succès espéré et qui sonnera le glas de la collaboration avec Elektra.

Des années plus tard, Phil Collins (!) et Elvis Costello, entre autres, lui tresseront des couronnes de louanges. Et on jurerait entendre du David Ackles chez la grande Joanna Newsom. Mais cela n’y changera rien. Lui d'ailleurs s’en foutait sûrement, reparti qu’il était à suivre et découvrir d’autres vies artistiques. Mais il aurait sans doute aimé, comme il l’expliquait au milieu des années 90, retravailler avec Bernie Taupin, sur quelques morceaux. Le temps et un cancer auront finalement raison de ces retrouvailles. Entre tous les génies oubliés et disparus, ça doit être un bordel magnifique là haut…

Première sortie : 1972 (Elektra)
Réédition : 2005 (Elektra)


Pour bien faire, trois titres en écoute. Je dois avouer avoir eu du mal à choisir les trois titres. Je pense qu’ils sont plutôt représentatifs du disque: Oh California!, Love's Enough et Montana Song :


jeudi 8 novembre 2007

Blood Red Shoes – I'll Be Your Eyes Ep [V2]

200 concerts. 4 labels. 5 singles. Et un Ep. Même pas d’album. Voilà pour le moment la carrière courte (mais prometteuse) des Blood Red Shoes, duo mixte de Brighton, célèbre cité balnéaire anglaise aux longs et majestueux piers, plutôt habituée aux charmes brutaux de l’électro made in UK qu’aux riffs tendus du rock indé.

Un duo qui a de l’avenir. Si si. Loin des phénomènes éphémères aussitôt-écouté-aussitôt-oublié (ajoutes ici le groupe de ton choix), les Blood Red Shoes devraient encore faire parler d’eux dans les mois et les années à venir. Et ce, pour plusieurs raisons.
Premièrement parce qu’ils ont un nom qui a de la gueule : il vient de l’actrice Ginger Rogers qui, dans les années 50, finit un jour une journée de travail, les pieds en sang, suite à un nombre de prise incalculable de plans pour une séquence de danse pour un film.

Deuxièmement, parce qu’ils ont du talent. Steve Ansell, à la batterie, semble avoir fait ça toute sa vie et Laura-Marty Carter – à la guitare – n’est pas la dernière pour placer ici et là quelques riffs bien sentis et hargneux.

Vu que le talent ne suffit pas (cf. partie Oldies de ce blog), la troisième raison du futur radieux qui leur tend les bras est leur songwriting. Car ces jeunes là savent écrire des chansons. Des vraies. It's Getting Boring By The Sea ou Box Of Secrets sont des morceaux qui luttent dans la catégorie haut-du-panier des groupes émergeant.

Comme tout ceci n’est pas forcément (et malheureusement) suffisant à faire d’un groupe talentueux un groupe à succès, ajoutons que leurs concerts sont de très bons moments. Pour les avoir vu, au Sonic à Lyon, mardi dernier, les Blood Red Shoes ont une présence sur scène assez dingue. Ils sont deux, elle à la guitare et lui à la batterie. Et pourtant, on dirait qu’ils sont trois ou quatre. Ils ont un tel magnétisme, un tel son, qu’ils rendent leurs prestations ébouriffantes. Et moins rock que sur leurs enregistrements disques, ils sont beaucoup plus punk et ce n’est finalement pas plus mal.
Alors oui, certes, leurs sets sont un peu courts (une cinquantaine de minutes). Mais qui pourrait les blâmer ? Ils n’ont que quelques singles et ce 'I'll Be Your Eyes Ep' sorti chez V2 en juin dernier à leur actif (un premier album devrait voir le jour au début 2008). Rien de plus normal donc.

Ceci posé, il semble donc évident que leur rock nerveux, bien plus intéressant et bandant que celui des gentils (mais chiants) White Stripes (pour citer un autre duo célèbre… même si j’aurais pu parler de The Kills, mais j’ai une petite tendresse pour le groupe de VV. Bon, ok, pour VV tout court), va percer. Mais comme on n’est jamais sûr de rien, on ajoutera l’argument fatal. Imparable. Celui du charisme de Laura-Marty Carter qui assure une partie des chants. Cette jeune fille respire la musique. La voir tenir sa gratte et la faire hurler avec une classe et une énergie folle est assez jouissif. Et puis la demoiselle est belle comme chou, anglaise jusqu’au bout du riff, avec cette jolie mèche qui lui tombe sur les yeux, cet air hautain mais coquin et cette petite poitrine qui sautille à chaque nouveau déferlement d’accords.

Bref, les Blood Red Shoes ont tout pour réussir. Ce 'I'll Be Your Eyes Ep' le prouve cent fois. On attendra leur premier album pour confirmer tout ça. Mais à moins de tomber dans le piège de l’industrie musicale et de faire un gros fuck à leur intégrité, il n’y a pas de raison qu’on n'entende pas parler d’eux dans le futur. Riot.

Son :
Myspace (4 titres en écoute)
Site Officiel

Deux morceaux pour se faire une idée (
malheureusement plus en ligne).

Et le clip de It's Getting Boring By The Sea, tube en puissance :


mardi 6 novembre 2007

Psykick Lyrikah – Acte [Idwet]

2 mai 2006. J’ai la chance de participer (modestement) à l’organisation de la neuvième édition du festival Panoramas, à Morlaix, charmante bourgade perdue au fin fond du Finistère (ou pas loin).

C’est à Olivier Mellano d’ouvrir le bal et de lancer les hostilités au théâtre de la ville. Toujours aussi juste dans leurs choix, les organisateurs ont en effet décidé de lui dédier une carte-blanche. Et le bras droit de Dominique A va prouver qu’il a du goût. Son ami qui trouve que les oiseaux ont du courage est là donc. Tepr et My Dog Is Day, les deux Abstrackt Keal Agram, sont de l’expérience également. Et tout sonne juste. Vrai.

En fin de set, Arm, le emcee de Psykick Lyrikah, se présente sur scène. Un flow dense mais éloquent face à quelques accords racés. Les deux artistes proposent alors un titre qu’ils ont composé rapidement, quelques temps avant cette carte blanche. Et le morceau de se terminer devant une salle subjuguée, abasourdie par cette classe, ce duo qui tombe sous le sens.

2 mai 2007. Un an, jour pour jour, plus tard, Psykick Lyrikah sort son nouvel album. Chez Idwet à nouveau. Il s’appelle 'Acte'. Et a été enregistré en deux jours. Cette fois-ci, seul Arm est de la partie, Teddy Bear étant logiquement absent. A ses côtés, Olivier Mellano. Derrière la vitre, Dominique Brusson, ingé-son de Dominique A. Un micro, une guitare. Un bouton. Et roulez jeunesse.

Quelques secondes après avoir pressé « play », les premiers accords de Mellano m’ont ramené directement à mai 2006. A mes grands yeux ronds. A ma bouche un peu ouverte, statique et bée. Ce morceau qui ouvre Acte a pour titre Près d'Une Vie (L'Air De Rien) et comme en 2006, c’est une nouvelle fois un choc. Une révélation.

Les mots d’Arm semblent avoir été écrits pour la guitare de Mellano. Et les accords de ce dernier semblent n’avoir jamais cherché autre chose que le flow d’Arm pour les enrober. Près d'Une Vie (L'Air De Rien) est un titre d’une puissance barge basé sur une construction assez simple. Mais tout est tellement évident que l’alchimie est juste parfaite et donne au morceau une force incroyable.

Alors oui, après ça là, il reste 34 mns des mêmes duo : du hip-pop-rock, brut de décoffrage. Du slam vivant et pas vulgaire. Des textes, un flow, quelques accords de guitare. Neuf morceaux au final (dont trois reprises du précédent album du groupe, 'Des Lumières Sous La Pluie', le genre de disque essentiel de l'histoire du hip-hop français, en gros), tous de très bonne tenue mais qui n’ont pas la puissance, la classe ou le génie de Près d'Une Vie (L'Air De Rien). Faut dire qu’ils vont tellement haut aussi avec ce titre là… (Sortie : 2 mai 2007)

Son :
Myspace (deux titres en écoute)
Site Officiel (album en écoute partielle)

Deux titres en écoute. Près D'Une Vie (L'Air De Rien), forcément. Et Patience (Des Lumières Sous La Pluie), une des trois reprises de l'album précédent du groupe (
malheureusement plus en ligne).