mardi 24 octobre 2017

Micah P. Hinson - Presents The Holy Strangers [Full Time Hobby]

Comme tout le monde, je me souviens exactement ce que je faisais le 11 septembre 2001. Comme tout le monde, je sais exactement où j’étais et avec qui lors des attentats contre Charlie Hebdo ou au Bataclan. 
Moins comme tout le monde, je sais exactement où je me trouvais lorsque j’ai appris la mort d’Yves Montand (je ne sais pas par contre pourquoi son décès m’a autant marqué) ou celle de Bérégovoy (ça, c’est parce qu’un épisode de Beverly Hills 90210 avait été coupé par un flash spécial de TF1 pour annoncer la nouvelle).

Encore moins comme tout le monde, je sais exactement où j’étais le soir où j’ai découvert Micah P. Hinson. C’était un soir de septembre 2004, rue de Dunkerque à Paris. J'étais dans ma chambre et grâce à saint Souleek, j’avais récupéré ‘The Gospel of Progress’, le premier album du texan. Et aussi ‘Funeral’ d’Arcade Fire. Les deux le même soir. Et deux artistes dont je n'avais jamais entendu parler. J’avais enchainé l’écoute de ces disques, qui venaient de sortir à une semaine d’intervalle. Une soirée comme on peut en connaitre parfois où la foudre s’abat sur vous alors que vous n’avez rien demandé. Je me souviens m’être dit que les deux groupes allaient forcément connaitre le succès - oui, même Micah P. Hinson. Il se dégageait tellement de choses de ses compositions qu'il ne pouvait en aller autrement.

Treize ans plus tard, Arcade Fire est une des têtes de proue de l’industrie musicale actuelle, rempli des salles toujours plus grandes en moins de temps qu’il faut pour le dire. Et ‘Funeral’ est considéré (à juste titre) comme un des disques marquant des années 2000 (et plus largement encore).
De l'autre côté, ‘The Gospel of Progress’ ne fera parler de lui que lorsque l'on s'amusera à réviser les années 2000. Et Micah P. Hinson, s’il sort des albums à un rythme régulier, est très loin des têtes d’affiches des festivals et unes des magazines.

Pour autant, l’homme à lunettes qu’il est continue de jouer sur scène. Il passait d’ailleurs par Lyon samedi soir au Groom, nouvelle petite salle lyonnaise (confirmant par la même la folle vitalité actuelle de l’offre musicale entre Rhône et Saône), pour venir défendre son dernier album, le neuvième, ‘Micah P. Hinson Presents The Holy Strangers’.

Il arrive sur scène, devant une salle très remplie. Il commence à parler avec elle, d’une voix trainante, raconte quelques anecdotes tout en s’accordant, puis lance le concert. Il déroule ses chansons à la guitare, qu’il porte de sa belle voix, et n’en est que très touchant. Entre chaque morceau, il s’adresse à l’audience, raconte d’autres histoires. On sent que notre homme n’est pas en très grande forme, qu’il a sûrement un peu bu, sans doute trop, et qu’il ne respire pas la joie de vivre.

Et rapidement, le côté touchant des débuts se transforme en vrai malaise. Parlant autant qu’il joue, devisant sur June Carter, enchaînant sur, littéralement, l’arrivée au monde de son enfant, avant d’évoquer Trump ou encore les armes à feu, Micah P. Hinson semble en avoir gros sur la patate et en vouloir à la terre entière. Pire, pas épatant musicalement, le texan n'arrive pas à noyer cette psychanalyse improvisée en quelque-chose d’autre que gênant.

Dommage, car ‘Micah P. Hinson Presents The Holy Strangers’ est une des très jolies choses écoutées en 2017. Un vrai bel album, qu’il porte de sa voix profonde et reconnaissable entre mille, entre chant, (quelques) parties parlées et plages instrumentales. Un « modern folk opera » (l’expression est de lui) qui raconte les histoires d’une famille, entre vie, mort, moments de bonheur et tragédies. Mais surtout un disque délicatement mis en musique (cordes et piano surtout), produit avec une finesse impeccable ; un bonheur de mélodies tristes en somme.
Et surtout, un album qui méritait mieux que cette prestation. Ceci dit, vu le talent qu’il a dans les mains, les mélodies simples mais belles qu’il sait créer et un chef d’œuvre à son crédit, Micah P. Hinson lui aussi aurait sans aucun doute mérité mieux. Foutue destinée. (Sortie : 8 septembre 2017)

Plus :
'Presents The Holy Strangers' est en écoute sur le bandcamp de Micah P. Hinson
'Presents The Holy Strangers' est à l'achat sur le bandcamp de Micah P. Hinson
'Presents The Holy Strangers' de Micah P. Hinson est en écoute sur Spotify et Deezer

Trois chansons en écoute tirées de ce 'Presents The Holy Strangers' de Micah P. Hinson. The Darling, bijou de chanson folk presque susurrée (également en écoute dans les lecteurs Deezer et Spotify de la colonne gauche de ce blog). Puis Lover's Lane, entre Johnny Cash et Lee Hazlewood. Puis le bel instrumental qu'est The Years Tire On :





5 commentaires:

La bUze a dit…

Le même soir, j'ai choisi d'aller découvrir Bizarre... Sans regret, on dirait ;)
ps: Soulseek marche encore

charlu a dit…

Me souviens de l'instant découverte précisément, 2004 le premier album à la pochette sublime passait chez Gibert. Obligé folk sombre, voix ténébreuse, j'ai stoppé net et suis reparti avec. Depuis je n'ai jamais lâché M.P Hinson. Celui là est bizarre avec les interludes instru.. "Micah book one" génial

-Twist- a dit…

@ La Buze : Et a priori tu as bien fait :
http://labuze.cac40.net/post/OTPMD-XXL-Bizarre-Lyon-21-10-2017

(oui, j'ai vu pour Slsk. J'ose pas le réinstaller. Mais qu'est ce que j'ai pu découvrir des disques grâce à ce logiciel)

@ Charlu : Moi, je l'ai suivi, puis retrouvé, perdu puis retrouvé. Belles retrouvailles une nouvelle fois, en tout cas sur sillons.

Sami a dit…

"Bérégovoy (ça, c’est parce qu’un épisode de Beverly Hills 90210 avait été coupé par un flash spécial de TF1 pour annoncer la nouvelle"

dans mes souvenirs celui où Brenda a vu le loup

-Twist- a dit…

Hahaha, best commentaire ever. :D
Je n'en ai aucune idée, mais c'est bien possible.
(je pensais ma mémoire flippante, mais tu es pire que moi :D)