vendredi 19 avril 2024

[Track of The Day] Lionlimb - Dream of You (feat. Angel Olsen)

Quoiqu'en dise son titre, Dream of You n'est pas une énième chanson d'amour. Enfin si. Mais pas comme on l'entend habituellement. Car celle-ci est dédiée à un chien, celui de Stewart Bronaugh, un des deux membres des américains de Lionlimb. Décédé il y a deux ans, Limbo (c'est son nom, qu'il donne à l'album d'ailleurs) avait une telle place dans la vie de Bronaugh qu'il a longtemps habité les rêves de son propriétaire - des moments, comme il le raconte lui-même, joyeux et quasi réels.

Si les paroles expriment très bien cette sensation (« Darlin', until then I'm gone to sleep again, pleadin' and hopin' for each new day to end, 'Cause all that I can do 'til it comes true Is dream of you »), la joie est plutôt absente de Dream of You. Mais pas la beauté. Chanson de blues rêveur à l'ambiance presque trip-hop, lancinante et langoureuse, elle est habillée par la voix de la formidable Angel Olsen, empreinte de mélancolie, dans lequel on entend quelques soupçons de Jennifer Charles d'Elysian Fields.

Album : Limbo
Année : 2024
Label : Bayonet Records

Acheter


En écoute dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog

En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Dream of You de Lionlimb et Angel Olsen est également en écoute ci-dessous :

Le clip de Dream of You de Lionlimb et Angel Olsen :

mercredi 17 avril 2024

[Track of The Day] RJD2 - Through It All (feat. Jamie Lidell)

Il était question d'ambiance soulful hier avec la magnifique December In Her Eyes de Pernice Brothers ? Continuons donc sur la lancée avec aujourd'hui en écoute Through It All, morceau qu'on n'avait pas vu venir de la part de deux artistes plus si jeunes, à la longue carrière mais dont la gloire est désormais derrière eux.

Les deux en question sont RJD2 et Jamie Lidell. L'un américain, auteur d'un album mémorable en 2002 'Deadringer' (et d'un titre Ghostwriter d'une classe toujours aussi folle plus de vingt ans après, même après avoir été pendant longtemps le générique d'une émission radiophonique humoristico-sportive quotidienne ou d'avoir enchainé les synchro), homme charmant, tiré à quatre épingles au début de sa carrière et qui un jour tomba sous le charme d'Arnaud Fleurent-Didier par l'entremise de votre serviteur. Et de l'autre un anglais, synth-funkeur du futur chez Warp et qui aurait mérité sans doute un peu plus de succès à l'époque.

Sauf que les années 2000 c'était il y a vingt ans. Et que depuis, nos deux amis sont rentrés dans le rang. Et que je les ai totalement perdus de vue. Si RJD2 continue de publier de nouveaux albums tous les deux ou trois ans, c'est dans une indifférence plutôt générale. Quant à Jamie Lidell, il semble s'être rangé des voitures. 

Les voir réunis pour le premier single du prochain disque de RJD2 'Visions Out Of Limelight' est donc une surprise. Et elle a une belle gueule la surprise, car Through It All est une sacrée chanson : plus de cinq minutes d'un r&b smooth et aérien, porté par le chant soul au possible de Jamie Lidell - dont quelques fulgurances évoquent Stevie Wonder - et par une production légère mais travaillée de RJD2, à la rythmique juste et délicate, et aux bruits de bouche inspirés (c'est lui qui le dit) par quelques vieilles et grandes prod de Timbaland (avant qu'il aille fricoter avec M. Pokora en somme). 

Bref, Through It All un titre aussi incroyable qu'inattendu, venu en quelque sorte du passé, mais pas passéiste pour autant. Une chanson qui prouve une fois de plus que ce n'est pas forcément mieux avant : c'est surtout bon maintenant.

Album : Visions Out Of Limelight
Année : 2024
Label : RJ’s Electrical Connections

Acheter


En écoute dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog

En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Through It All de RJD2 et Jamie Lidell est également en écoute ci-dessous :

Le clip de Through It All de RJD2 et Jamie Lidell, premier extrait de 'Visions Out Of Limelight' :

mardi 16 avril 2024

[Track of The Day] Pernice Brothers - December In Her Eyes

December In Her Eyes est une chanson pivot. Celle de 'Who Will You Believe', nouvel album de Pernice Brothers (le premier en cinq ans, le deuxième en quatorze). Car c'est à ce moment là que le disque prend son envol, après quatre premiers morceaux d'indie-pop assez anecdotique (quoique sympathique).

Ici, l'ambiance se fait plus cotonneuse, plus soulful. La voix de Joe Pernice a un phrasé et un grain qui font penser à un chanteur soul des seventies. Quant au reste, on jurerait que Burt Bacharach s'est occupé personnellement de la production de l'ensemble. Le résultat est tout à fait merveilleux, avec son tempo lent, la beauté de ses arrangements et un chant comme fait pour bercer.

Chanson merveilleuse, December In Her Eyes est donc le véritable point de départ de ce 'Who Will You Believe'. A partir de là, l'album se fait beaucoup plus inspiré, aligne quelques très bons moments (Hey Guitar, le beau duo I Don't Need That Anymore avec Neko Case, How Will We Sleep entre autres) ; et si rien n'arrive à la cheville de ce magnifique December In Her Eyes, si les Pernice Brothers mettent leur côté Burt Bacharach au rancart (même si The Purple Rain s'en rapproche), ces morceaux là rendent le disque tout à fait recommandable.

Album : Who Will You Believe
Année : 2024
Label : New West Records / Ashmont Records

Acheter


En écoute dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog

En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, December In Her Eyes de Pernice Brothers est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson remarquable de 'Who Will You Believe' des Pernice Brothers, voilà I Don't Need That Anymore, avec la participation de Neko Case : 

lundi 15 avril 2024

[Track of The Day] Pedro The Lion - Modesto

Modesto est une ville californienne de 250 000 habitants environ, fondée en 1870 par William Chapman Ralston, un grand financier américain de l'époque, qui se situe à mi-distance entre la Baie de San Francisco et Sacramento, capitale de l'état (go Kings !). Voilà pour le point Wikipédia.

Pour les férus de musique, Modesto c'est surtout la ville d'origine de Grandaddy, le groupe derrière le merveilleux 'The Sophtware Slump'. Depuis quelques semaines, c'est également le nom d'une chanson de Pedro The Lion, le groupe de David Bazan, à la carrière et la discographie erratiques (quatre albums entre 1998 et 2004 avant une pause de onze ans et un retour aux affaires en 2017). 

Modesto est le premier extrait de 'Santa Cruz', troisième album post-reformation à venir en juin prochain de Pedro The Lion ; et à l'évidence un hommage à la bande de Jason Lytle. Un morceau magnifique, plein de guitare et de langueur et qui est sans aucun doute la meilleure chanson de Grandaddy publiée cette année.

Album : Santa Cruz
Année : 2024
Label : Big Scary Monsters / Polyvinyl Records

Acheter


En écoute dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog

En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Modesto de Pedro The Lion est également en écoute ci-dessous :

Le clip de Modesto de Pedro The Lion :

vendredi 12 avril 2024

Sam Forrest - Caught Under a Spell [Desert Mine Music]

S
am Forrest est le secret le mieux gardé d'Angleterre. Point. Oui, ne cherchez pas plus loin, l'artiste dont personne ne parle et qui pourtant mériterait qu'on en fasse des gorges chaudes, c'est bien lui. Connu pour avoir été le leader de Nine Black Alps, groupe qui avait eu son petit succès dans les années 2000, l'anglais n'évolue plus qu'en solo depuis une dizaine d'années - dans une veine beaucoup plus pop. Et vu la qualité de ses compositions, cela serait dommage de bouder son plaisir.

Découvert via le magnifique 'Aeroplane Days' (publié en 2021 par Hidden Bay Records), disque savoureux plein de pop/folk joliment ciselée, Sam Forrest vient de remettre le couvert, toujours dans une indifférence assez générale, avec 'Caught Under a Spell', un album qui mérite qu'on y pose plus qu'une oreille distraite.

S'il est sans doute moins immédiat que son prédécesseur (il n'y a pas de chansons qui vous renversent instantanément comme The Best Is Yet To Come), 'Caught Under a Spell' est tout aussi remarquable. Dans cet album où l'anglais joue de tous les instruments, rien n'est à jeter (douze morceaux, pas un à mettre de côté) avec un Sam Forrest qui fait montre à nouveau d'un grand talent de composition, avec toujours cette vibe Elliott Smith très prégnante et qui infuse tout du long, autant au niveau des mélodies, des constructions des morceaux, des intros, de cette façon de faire sonner sa guitare, sa batterie, que de cette voix et ce chant qui rappelle plus que jamais l'auteur de 'Either/Or'.

Finalement, à l'instar de The Maureens il y quelques jours, la seule chose qu'on peut reprocher à Sam Forrest, c'est que ses derniers albums ne soient disponibles qu'en (ou presque) version digitale ; et rien d'autre. Pourtant, des disques comme 'Aeroplane Days' (devenu un classique chez moi depuis sa sortie) ou 'Caught Under a Spell' (qui devrait suivre le même chemin très vite) mériteraient d'exister physiquement. Pour qu'ils ne se perdent pas dans les limbes de catalogues streaming toujours plus fournis. Pour qu'on en garde une trace. Pour qu'ils ne deviennent pas « un disque de plus » qu'on oublie à force de ne jamais le croiser sur une étagère. Ces albums le méritent. 'Caught Uunder a Spell' le mérite. Un disque qui semble ressusciter Elliott Smith à chaque nouvelle chanson ne peut pas rester sur le bas côté. Ni laisser insensible. (Sortie : 26 janvier 2024)


Plus :
'Caught Under a Spell' de Sam Forrest est en écoute sur bandcamp
'Caught Under a Spell' de Sam Forrest est à l'achat sur bandcamp
'Caught Under a Spell' de Sam Forrest est également en écoute, notamment, chez Deezer et Spotify


Trois chansons de 'Caught Under a Spell' de Sam Forrest en écoute. Far Away, peut-être la chanson la plus immédiate et nerveuse de l'album
(en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis She Was a Friend of Mine. Et enfin The Man in the House at the End of the Street. Toutes trois nimbées de l'aura d'Elliott Smith :